9 novembre 2025 14 h 09 min
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Le mot de Marc

7 octobre 2025

Le pouvoir des mots

“ Les mots font l’amour ( et le défont) “. Cette citation est née de la plume d’André Breton, écrivain et poète français ( 1896-1966 ). Tout au long de son œuvre, tant narrative que poétique, cet auteur surréaliste a démontré que les mots avaient un pouvoir très puissant et très révélateur. Et cela, peu importe la langue qui les véhicule.

Wikipédia recense environ 7 000 langues parlées et écrites dans le monde. C’est sans compter les nombreux dialectes qui se sont greffés à celles-ci. Si on tient compte que l’ONU reconnaît autour de 195 pays, il se parle en moyenne 35 langues par pays. C’est beaucoup !

Il faut a priori prendre conscience que ce pouvoir des mots s’exerce tant dans la langue parlée que dans le langage écrit. Dans les deux cas, les mots peuvent faire l’amour et le défaire, construire et détruire, glorifier et crucifier, louer et bafouer, enchanter et attrister… On peut étirer la liste à l’infini.

Une personne connait en moyenne entre 20 000 et 35 000 mots en tant qu’adulte natif. Un Français moyen en connait entre 3 000 et 5 000 ( vocabulaire passif ). Au quotidien, il n’en utilise qu’environ 500 ( vocabulaire actif ). Cependant, ces données varient selon les études et les langues.

Je disais un peu plus haut que les mots ont tous les pouvoirs. Je vous donne d’autres exemples. On entend souvent les expressions “ Je choisis mes mots “ et “ Je pèse mes mots “. D’un certain point de vue, ces expressions sont biaisées. Pourquoi choisit-on certains mots plutôt que d’autres? Pourquoi décide-t-on de peser sur certains mots ? C’est simple: ce sont les mots eux-mêmes qui imposent au locuteur leurs propres choix et leur propre poids. Cela s’explique facilement.

Les mots sont des véhicules qui transportent toute la gamme des émotions et des sentiments. Pour ce faire, ils ont besoin de canaux pour les exprimer: la voix et la main.

Homme avec lettes qui lui sort de la tête

VERBA VOLANT, SCRIPTA MANENT.

“ Les paroles meurent, les écrits demeurent “ ( traduction libre) . Cette citation attribuée au sénateur romain Caïus Titus date de l’Antiquité romaine. Elle a été reprise par Jacques Lacan, médecin et psychanalyste français ( 1901-1981 ).

Cette citation nous conduit à un constat: elle démontre la pérennité des mots écrits qui deviennent alors “ documents incontestables “. Contrairement aux mots écrits, les mots dits peuvent être facilement oubliés ( “Je m’en souviens pas ! ) ou niés ( “ J’ai jamais dit ça! “ ) .

À la lueur de cet éclairage, une constante se dégage : qu’ils soient écrits ou parlés , les mots ont les mêmes pouvoirs et véhiculent les mêmes émotions. Faites le test. Relisez la première lettre d’amour que vous avez reçue : non seulement les émotions et les sentiments véhiculés vous reviendront en mémoire, vous pourrez même “ entendre “ le ton utilisé. Essayez maintenant de vous souvenir de ce que vous avez dit il y a un mois, vous l’aurez très certainement oublié.

“ La mémoire est une faculté qui oublie “ dit le proverbe. Voilà pourquoi les écrits sont là pour redresser la situation. Et ces règles s’appliquent à toutes les langues du monde. C’est pourquoi on apprend à parler avant d’apprendre à écrire. Une fois les mots acquis, on peut les immortaliser.

En conclusion, soyons prudents dans le choix des mots que nous utilisons, qu’on les dise ou qu’on les écrive. Leur pouvoir est trop important : ils bâtissent ou démolissent, ils aiment ou ils détestent ….

Marc Laflamme