
Un résumé de la TROY d’HIER
Que de similitudes entre les quelques propriétaires qui se sont succédés. Oui, tous ces bâtisseurs, des hommes tenaces, courageux, visionnaires, gardant toujours en tête la volonté de faire avancer les choses.
C’est ainsi qu’en février 1945, la compagnie Troy débute ses opérations à Weedon.
Messieurs Jean Libérali et Joseph Bordoff en sont les propriétaires. Bien sûr que notre maire de l’époque, J.A. Goulet est très optimiste face à l’avenir de cette manufacture et déclare que c’est un bel actif pour nous.
L’usine est donc installée à l’étage supérieur de l’Hôtel de ville de Weedon. Roger Bourgault et J.A. Goulet (père de Jean-Claude) ont été les promoteurs de cet établissement à Weedon. Les conseillers municipaux du village et du canton ainsi que toute la population Weedonnaise ont participé à son installation.
Malheureusement, le 2 novembre 1945, la manufacture de vêtements masculins n’est plus qu’un amas de cendres. Mais, dès le mardi 6 novembre, au cours d’une grande assemblée tenue sous la présidence des 2 maires dont, J.A. Goulet et Donat Fontaine, maire de la campagne, décident de reconstruire l’édifice, au même endroit mais, avec des plus grandes proportions. Au lieu de l’ancien immeuble de 70 x 40, la municipalité va bâtir un édifice à l’épreuve du feu, toujours sur deux étages mais 90 x 50 pieds.
Pour débuter, on compte une vingtaine d’employés et très rapidement nous pouvons voir l’intérêt grandissant pour les travailleurs car, seulement quelques mois plus tard, nous en comptons déjà une quarantaine.

Et la vie continue, d’ailleurs moi-même de 1956 à 1963, en tant que préposée à la paye, je peux vous dire avec certitude que la manufacture comptait 150 employés, tout le monde travaillait à longueur d’année et cinq jours par semaine …
En 1992, comme marque d’appréciation, le président de la Chambre de commerce de l’époque, Jean-Pierre Patry remettait, le 22 mai, le certificat de l’ENTREPRISE DE L’ANNÉE à Confections Troy Ltée.
Depuis 10 ans, grâce aux investissements de plus de 35,000 $, ils peuvent demeurer compétitifs. Les salaires versés au montant de 1,200,000 $ par année gardent l’économie de notre milieu en roulement.
Messieurs Libérali et Bordoff y ont œuvré jusqu’en 1982. Après le décès de M. Bordoff, M. Libérali s’est exprimé ainsi: « Après avoir consacré 37 ans de ma vie à mettre sur pieds cette industrie, j’ai atteint mon but. Aujourd’hui, j’ai l’assurance que la Troy survivra grâce à nos successeurs, des hommes compétents dans le vêtement ».
Hé oui, il avait bien raison, son usine est toujours en place. Mais, bien sûr avec une vocation un peu différente car, entre nous … avec le temps … la mode a un peu changé ! Qu’en dites-vous ?
Monique Gaudreau
En collaboration avec Doris Beauregard, Marc Beaudoin, Lisa Libérali et François Domingue (petit-fils de M. Libérali).
Historique Confection Troy Canada limitée
C’est en février 1945 que M. Jean Liberali et M. Joseph Bordoff implantent l’usine Troy Pants Inc, dans la municipalité de Weedon. Au départ, une vingtaine d’employés-ées occupent les lieux. Dans le mois suivant, une trentaine de nouveaux employés-ées se greffent à l’équipe. À l’automne de la même année, l’usine est rasée par un incendie, l’hôtel de ville est aussi touché par le même sinistre.

Les deux entrepreneurs se roulent les manches et décident de reconstruire l’usine. Avec l’aide des deux municipalités, de la caisse populaire et de plusieurs citoyens, le bâtiment renaît de ses cendres sur le même terrain. Par la suite, l’entreprise ne cesse de prendre du galon et se taille une place des plus enviables dans le domaine du pantalon. Dans ses plus belles années, plus de 140 travailleurs-euses s’activent à produire des pantalons d’habit et de haut de gamme.
Le décès de M. Bordoff amène M. Liberali à prendre une retraite bien méritée, après plus de trente-cinq années de durs labeurs. Cependant, il désire laisser un héritage à la population de Weedon, il s’assure donc que les nouveaux propriétaires continueront d’exploiter les opérations à Weedon. Après avoir examiné plusieurs offres d’achat, M. Liberali décide de vendre l’entreprise à M. Joseph Winagar et M. André Beaudoin. Ces derniers prennent possession en janvier 1982.

Au début, une récession économique mondiale frappe tous les secteurs d’activités. On se contente donc de modifier et d’améliorer certaines méthodes de travail et de changer quelques machines sur la fin de leur vie utile. Trois années de vaches maigres suivirent. Pendant ce temps, les nouveaux propriétaires ne se tournent pas les pouces. On effectue une étude complète des opérations de l’usine et du marché. Après avoir pris connaissance des aboutissants, on décide de restructurer l’usine au complet; impliquant une modernisation des opérations et des méthodes de travail (due à une présence de plus en plus remarquée des produits asiatiques). Après des démarches auprès de divers ministères, l’Office Canadien du Renouveau Industriel donne son accord pour ce projet en août 1985, projet qui doit s’échelonner sur une période de trois ans.
Grâce à ce projet, de la machinerie à la fine pointe de la technologie est achetée. Avec la collaboration très précieuse des travailleurs-euses, nous développons notre propre système de transport de paquet sur rail. Des changements majeurs sont apportés aux méthodes de travail, un système de travail à la pièce est implanté, ce qui permet d’avoir un prix de revient qui aide grandement à être compétitif et, de ce fait, encourage les travailleurs-euses à avoir des gains supérieurs.
Un agrandissement des locaux est réalisé, un garage et un entrepôt pour la marchandise confectionnée, une cafétéria, un local mieux adapté pour la mécanique ainsi que l’entrepôt des matières premières occupent le nouvel espace.
Ce projet s’est déroulé au-delà de toutes leurs espérances. 85 % du projet est réalisé au cours de la première année. Encore une fois on se doit de souligner l’apport essentiel des travailleurs-euses de l’entreprise. Cette dernière se classe maintenant selon certaines données, 2e au niveau provincial en tant que sous-traitant en confection de pantalons pour hommes.
95 % de la production se vend au Canada sous des marques tels que : Cacharel, Mr Leggs, Pierre Cardin et Bovet. 5 % se rend sur le marché américain pour la chaîne JC Penny.

Au cours des 35 premières années, l’entreprise maintient une moyenne de 85 travailleurs-euses avec plus de 5 000 000 $ versés en salaire. Pendant cette même période, 1 250 000 pantalons sont sortis de la chaîne de production de l’usine. En 1994, M. Winagar se retire des affaires, M. Marc Beaudoin achète une partie des actifs de la compagnie. M. Beaudoin étant à l’emploi de la compagnie depuis 1983, il croit en l’avenir de l’usine.
La production s’adapte à de nouveaux marchés: les pantalons d’uniformes. On élargit donc notre gamme de pantalons à produire. Les Uniformes Gradinger, les Uniformes La Moderna, St-Henri Uniformes, Blauer USA ainsi que Martin & Lévesque joignent les rangs de notre clientèle. Nous continuons de produire des pantalons de toilette pour Pantofino, Vêtement Paragon, Davelli, Zanella, Brian Young, Marc Fila et d’autre grossistes qui eux distribuent à des chaînes telles que Mexx, Simons, Sears, Zellers, etc.
Au début des années 2000, les gouvernements ouvrent toutes grandes les frontières à l’importation des produits asiatiques. Plusieurs années de misère suivent. Certaines années, l’usine a fermé 18 semaines par manque de travail. Mais on ne baisse pas les bras. On étudie de nouveaux débouchés : les uniformes scolaires et hospitaliers. Les grossistes se lassent peu à peu des produits asiatiques: le manque de régularité dans la qualité, les délais de livraison trop longs, les demandes de la clientèle qui désirent un produit plus personnalisé et adapté à leurs marchés, aussi les coûts de transport qui augmentent avec les prix du pétrole. La marge de profit devient moins aguichante pour les importateurs.
On améliore nos délais de production, un site internet est créé www.confectionstroy.com, de nouvelles stratégies d’affaires sont mises en place, nos ventes se diversifient hors Québec. Des connaissances de méthodes de production sont transmises par compagnonnage (d’une travailleuse à une autre). Nous sommes plus versatiles et plus aptes à satisfaire les demandes diversifiées de notre clientèle. Lors d’appels d’offres, nous obtenons des contrats pour la Sûreté du Québec, les pompiers de Montréal, le Service de Police de la Ville de Montréal, le Réseau de Transport de Longueuil, etc. Nous commençons à percevoir la lumière au bout du tunnel.
En 2011, Confection Troy Canada limitée voit une 3e génération de propriétaires prendre la direction des opérations, M. Marc Beaudoin (déjà présent depuis 1983) et M. Alain Bergeron (propriétaire de Technofil à Laurierville) deviennent associés à parts égales. M. André Beaudoin se retire, afin de se concentrer sur la production de vestes pare-balles et d’autres à son usine de Laurierville.
Cette nouvelle association permettra à Confections Troy d’accéder à de nouveaux réseaux de clients et ainsi une production plus stable à l’année. Depuis, les opérations n’ont cessé que quelques jours par année. Depuis la fin des années 1990, une moyenne de 45 emplois est maintenue, en versant annuellement plus de 1 000 000 $ en salaire dans l’économie régionale.
Il existe d’autres fabricants de vêtements au Québec, mais plusieurs offrent des produits importés afin d’abaisser leur coût de production. Nous sommes l’un des rares fabricants de vêtement à survivre face à la concurrence asiatique et cela en fabriquant entièrement ses produits au Québec. Comme M. LiBerali, lors de notre retraite, nous voudrions nous aussi, laisser en héritage une entreprise qui continuera d’exercer ses activités à Weedon pour plusieurs années encore .Est arrivée la pandémie de la COVID. La production ne s’est arrêtée que 6 jours ! On nous a demandé de produire des vêtements pour les hôpitaux, des blouses avec des coutures scellées pour les premiers répondants. Encore là, les travailleurs-euses ont répondu présents et ont mis l’épaule à la roue.
Au cours des derniers mois, suite à la perte de 2 clients dans l’uniforme scolaire, dont l’un a décidé de s’approvisionner en produits importés et cela après plusieurs années de coopération (et sans nous donner aucun préavis) alors qu’au cours de ces années il n’a cessé de décrier le non-respect des normes environnementales et des conditions de travail dans ces pays exportateurs, nous avons entrepris de développer des méthodes de travail pour la confection de vestes sans manches et de manteaux de sécurité pour les fonderies. Encore une fois, les travailleurs-euses de l’usine ont répondu présents et on mis à profit leurs expériences dans le développement de ces nouvelles méthodes. Donc la confection de ces vestes et manteaux s’ajoute à notre gamme de produits confectionnés dans notre usine et nous permettra de couvrir un nouveau marché.
Au cours des prochains mois et des prochaines années, on travaillera sur un nouveau défi à relever, soit trouver une relève pour la continuité des opérations de l’usine à Weedon, un dossier qui me tient à cœur et toute l’équipe y met toute l’énergie possible pour rendre l’usine attirante pour de futurs propriétaires.
Je voudrais profiter de cette tribune pour remercier chaleureusement toutes les personnes qui ont travaillé au sein de l’entreprise, qui ont participé, de près ou de loin, aux différentes activités d’apprentissage, de développement de nouvelles méthodes et de restructurations. Sans vous l’entreprise ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui, une entreprise entièrement québécoise, vouée à un avenir des plus prometteurs. Encore une fois, merci à vous toutes. Une journée « portes ouvertes » aura lieu vers la fin de l’été.
Marc Beaudoin
Quelques mots pour présenter mon équipe de soutien
Je voudrais aussi souligner que mon équipe rapprochée, qui est dévouée à Confections Troy, et à son personnel, ces personnes sont de précieux atouts.

En commençant par mon adjointe Mme Guylaine Bolduc. Guylaine a commencé à travailler à l’usine en février 1983 comme couturière sur la galkin (poser la doublure de ceinture intérieur). Lorsque Mlle Thérèse Beaudoin a pris sa retraite comme adjointe, on a été cherché Guylaine qui avait une formation en tenue de livres. Elle occupe ce poste depuis. Elle a eu à gérer la comptabilité de plus de 80 employées et de plus d’une vingtaine de clients et fournisseurs. Aujourd’hui le groupe est moins gros, mais elle porte plus de chapeaux tels que responsable des commandes, de la réception, de l’expédition, etc.
Guylaine s’occupe aussi de petites attentions bien appréciées comme les sacs d’Halloween distribués à chaque employé, le sapin de Noël dans le hall d’entrée, chocolat de Pâques. Qui dans l’usine n’a pas eu le soutien de Guylaine, soit pour son écoute, soit son aide pour remplir toutes sortes de documents. Tout directeur d’usine aimerait avoir une adjointe comme Guylaine.
M. Mario Nolet occupe le poste de mécanicien de machines à coudre depuis plus de 25 ans. C’est un méchant ‘’patenteux’’, il n’y a pas une machine dans l’usine qui n’a pas été modifiée ou adaptée pour avoir un meilleur rendement. Il ajuste aussi les postes de travail afin de les adapter selon les règles d’ergonomie de base pour chaque travailleuse. Féroce négociateur, les pièces de machine sont toujours trop chères. A l’occasion il remplace à main levée la superviseure de production.
Mme Manon Rodrigue est superviseure de production. Avec son bagage d’expérience et avec la participation de ses filles, elle n’hésite pas à mettre la main à la pâte pour développer des méthodes pour la confection de nouveaux produits, tels que les manteaux pour le secteur des alumineries, vestes doublées sans manche et tout dernièrement des mono-pièces doublées (appelées communément des chiennes).
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